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fortement, surtout dans le jeûne. Mais, quoique le dimanche figure la résurrection, cependant les dimanches de la Septuagésime on suspend les cantiques d’allégresse et l’on dit des traits, parce que les Juifs, pendant les soixante-dix années de la captivité de Babylone, furent continuellement affligés, et que nous, pendant les soixante-dix ans de cette vie, qui s’accroît de sept en sept ans, et qui, par conséquent, nous mène jusqu’à soixante-dix ans, nous avons sans cesse des douleurs et des misères, jusqu’à ce que nous arrivions au repos éternel (octavam)[1] de la vraie, parfaite et non figurative résurrection, par la miséricorde du Christ.

VII. Enfin, il faut considérer que les versets des séquences se disent deux par deux, sur un même chant, ce qui a lieu parce que (la plupart du temps) ces versets sont placés deux à deux pour le même rhythme, sous un pareil nombre de syllabes ; ce qui ne se rencontre pas dans les versets des traits, qui, pour la plupart, sont pris de la sainte Écriture, et voilà pourquoi on ne peut pas les accoupler aussi bien. Les séquences sont composées sur un chant unique, pour marquer que le transport de la vraie charité est parfait en Dieu seul, car la séquence désigne le transport, et l’accouplement de ses strophes la charité. Mais on chante un à un les versets des traits, parce qu’ils marquent la douleur, selon cette parole du Psalmiste : « Pour moi, je suis seul jusqu’à ce que je passe. » Et Jérémie (II, q. I, Quando) : « J’étais seul et assis à l’écart, parce que j’étais rempli d’amertume. » Il ne faut pas non plus oublier que régulièrement le graduel ou l’Allelu-ia suivent immédiatement l’épître, pour que nous ne soyons pas exposés au reproche exprimé en ces termes par le musicien dont parle le Christ en ces mots : « Nous avons chanté, et vous n’avez point dansé ; nous avons chanté des airs lugubres, et vous n’avez point pleuré. » Car on chante l’Allelu-ia pour exprimer un mou-

  1. Apud Du Gange, Gloss., verbo Octava, i.