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dans le voisinage du fleuve de Babylone ils se voient, eux, souvent arrosés, et les autres entièrement inondés et emportés en bas par la rapidité du fleuve. Mais, parce que ces pleurs sont parfois causés par la vue de la joie d’en haut, et parfois par la vue de notre misère ici-bas, de même le trait est parfois un chant d’allégresse pour remercier Dieu de l’eau d’en haut, comme De profundis et autres traits de ce genre. Grégoire parle de ces deux arrosages dans le troisième livre de ses Dialogues, chapitre xxxiii.

IV. Et il faut remarquer qu’après deux traits exprimant la tribulation suit un trait qui ressent l’allégresse, comme on peut le voir au dimanche de la Septuagésime et aux suivants, et cela parce qu’après les deux jours de la sépulture du Seigneur le troisième vit sa résurrection, et qu’ici-bas la joie n’est pas entière et continue, mais qu’elle est souvent interrompue. Voilà pourquoi l’Église interpose parfois le trait, comme au temps de la Septuagésime, et lorsque le samedi de Pâques elle fait suivre les autres chants d’un trait, parce que la joie d’ici-bas ne doit pas être sans larmes. Cependant le samedi in albis on double l’Allelu-ia parce que dans l’éternelle vie la joie sera parfaite, la chair et l’ame étant également glorifiées, et la résurrection des saints ayant complété celle du Christ.

V. Depuis le dimanche de la Septuagésime jusqu’au mercredi des Cendres, on dit seulement le trait les dimanches, parce qu’alors le peuple vient plus assidûment à l’église, conduit par le besoin d’apprendre comment il doit déplorer la captivité du diable, figurée par celle de Babylone.

VI. Car le trait représente le temps de la captivité de Babylone ; mais, après le mercredi des Cendres, où commence le jeûne, nous sommes plus fréquemment rassemblés dans l’église, parce que c’est alors une époque de tristesse et d’affliction, et établie particulièrement pour secouer le joug de la captivité du diable par la douleur de la contrition, l’humilité de la confession et l’énergie de la satisfaction, qui se retrempent