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contraire, que, par exemple, la fête (festum) des neuf leçons serait célébrée solennellement le jour qu’elle tombait, et que, cependant, on jeûne ce jour-là, comme de coutume.

XXXIX. Dans les festivités, on tend les courtines dans les églises pour les orner, afin que de visibles ornements émeuvent notre ame pour les invisibles. Ces courtines sont parfois teintes de diverses couleurs, comme on l’a déjà dit auparavant, afin que, par la variété de ces couleurs, on voie et on sache que l’homme, qui est le temple de Dieu, doit être orné de la variété et de la diversité des vertus. La courtine blanche représente la pureté de la vie ; la rouge, la charité ; la verte, la contemplation ; la noire, la mortification de la chair ; la grise, la tribulation. On met aussi parfois sur les courtines blanches des draperies de différentes couleurs, pour exprimer que notre cœur doit être purgé des vices, et qu’il doit avoir au dedans de lui-même les courtines des vertus et la variété des couleurs des bonnes œuvres.

XL. Or, dans la fête de la Nativité du Seigneur, certaines églises ne suspendent aucune draperie dans l’église ; quelques-unes en mettent de nul prix, quelques autres de belles. Celles qui n’en mettent aucune figurent notre rougeur ; car, bien que nous ayons une très-grande joie de ce qu’un Sauveur nous est né, nous ne devons pas être cependant sans honte en pensant que notre péché a été si grand, qu’il a fallu que le Fils de Dieu lui-même se réduisît à rien pour nous, en prenant la forme d’un esclave ; et voilà pourquoi, même au jour de sa mort, nous ne faisons aucune solennité accompagnée d’allégresse ; mais un jeûne très-grand, quoique cependant nous solennisions la mort des autres saints avec allégresse, et que nous nous permettions, tant soit peu, de manger et de boire plus délicatement, comme on le dira dans la sixième partie, en parlant de la Parascève ou Vendredi saint. Certes ! nous rougissons, parce que le Seigneur est mort pour nos péchés ; mais les saints ont souffert, non pour nos péchés, mais pour le Christ. Ceux qui suspen-