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sec. y dist. iii, cap. Placuit) défend de faire des peintures dans les églises, et de peindre sur les murailles ce qu’on honore et ce qu’on adore. Mais Grégoire (De consec., dist. iii, cap. Perlatum) dit : qu’il n’est pas permis de briser les peintures sous le prétexte qu’elles ne doivent pas être adorées, car on voit que la peinture émeut plus l’esprit que l’écriture. En effet, par la peinture, le fait accompli est placé devant les yeux, tandis que par l’écriture la chose arrivée est rappelée à la mémoire en quelque sorte par ouï dire, ce qui émeut moins l’ame. Voilà pourquoi aussi dans l’église nous ne témoignons pas un si grand respect pour les livres que pour les images et les peintures.

V. Des peintures ou des représentations, les unes sont sur l’église, comme le coq ou l’aigle ; les autres hors de l’église, à savoir : aux portes et au front du temple, comme le bœuf et le lion ; les autres enfin au dedans, comme les bas-reliefs et les divers genres de sculptures et de peintures que l’on fait, ou sur les vêtements, ou sur les murs, ou sur les vitraux ; de quelques-unes desquelles il est dit dans le Traité de l’Église, qu’elles ont été prises et imitées du tabernacle de Moïse et du temple ou de l’époque de Salomon. Or, Moïse écrivit ; mais Salomon écrivit et peignit, et il orna les murs du temple de ciselures et de peintures.

VI. Et il faut savoir que l’on peint surtout l’image du Sauveur dans l’église de trois manières, qui sont les principales et les plus convenables de le r,résenter, savoir : ou assis sur un trône, ou suspendu au gibet de la croix, ou en quelque sorte assis dans le sein de sa mère et reposant sur ses genoux. Or, parce que Jean-Baptiste montra le Christ avec le doigt, en disant : « Voici l’agneau de Dieu, » quelques-uns représentaient le Christ sous la figure d’un agneau, « Cependant, comme l’ombre a passé et que le Christ est vraiment homme, dit le pape Adrien (De consecrat., dist. iii, cap. Sextam), nous devons le peindre sous la forme d’un homme. » Car ce n’est