Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entièrement les autels qui sont élevés à la suite des songes, ou, en quelque sorte, des révélations mensongères des hommes (De consecr., dist. Placet).


CHAPITRE III.
DES PEINTURES, DES VOILES ET DES ORNEMENTS DE L’ÉGLISE.


I. Les peintures et les ornements qui sont dans les églises sont les lectures et les écritures des laïques ; ce qui a fait dire à Grégoire (De consecrat., dist. iii, cap. Perlatum)[1] : « Autre chose est d’adorer les peintures, autre chose est d’apprendre, par l’histoire que représente cette peinture, ce qu’on doit adorer ; » car ce que l’écriture montre à ceux qui la lisent, la peinture l’enseigne aux ignorants qui la regardent, parce que, sans instruction, ils voient en elle ce qu’ils doivent suivre et le lisent dans ces peintures, eux qui ne connaissent pas leurs lettres. Or, les Chaldéens adorent le feu et forcent les autres à faire de même, en brûlant toutes leurs idoles. Quant aux païens, ils adorent les représentations ou images et les idoles, ce que les Saracènes ne font pas eux, animés qu’ils sont par cette parole : « Tu ne feras pas la ressemblance de toutes les choses qui sont dans le ciel, ou sur la terre, ou dans les eaux, ou sous la terre » (Exode, chapitre xx) ; et par d’autres autorités encore qui suivent immédiatement le passage précité. Et ils nous reprennent fortement sur cet article ; mais nous n’adorons pas ces images, et nous ne les appelons pas des dieux, et nous ne mettons pas en elles l’espérance de notre salut, parce que cela serait de l’idolâtrie ; mais nous les vénérons en nous rappelant le souvenir des faits accomplis qu’elles nous représentent.

De là les vers suivants :

Toi qui passes, honore prosterné l’image du Christ ;
N’adore pas cependant l’image, mais ce qu’elle représente.

  1. Note 10 page 337.