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salut de tout l’univers, arbre bienfaisant ; » et pour que jamais l’amour de Dieu ne soit livré par nous à l’oubli, lui qui, pour racheter un esclave, a livré son fils unique, afin que nous imitions le Christ crucifié pour nous. Et la croix est mise dans un endroit élevé pour représenter la victoire du Christ. On parlera de cela, lorsqu’on traitera de la Consécration de l’église. On dira, au Traité des peintures, pourquoi l’église est ornée au dedans et non au dehors.

XLII. Le cloître[1], comme le dit Richard, évêque de Crémone (in Mitrali), a pris son origine de l’endroit où veillaient et où couchaient les lévites, autour du tabernacle, ou du parvis des prêtres, ou du portique, qui était devant le temple de Salomon. Car le Seigneur commanda à Moïse de ne pas compter les lévites dans le dénombrement qu’il fit de la multitude du peuple, mais de les établir sur le tabernacle du témoignage, pour le porter et le garder. C’est à cause de ce précepte du Seigneur que les clercs doivent être, dans l’église, séparés des laïques pendant qu’ils célèbrent les saints mystères. Voilà pourquoi le Concile de Mayence a statué (extrà de vi. et hon. cler., cap. i) que cette partie, qui est séparée de l’autel par des balustres, serait seulement réservée aux clers qui psalmodient. Enfin, de même que le temple représente l’Église triomphante, ainsi le cloître est la figure du paradis céleste, où l’on n’aura qu’un seul et même cœur dans l’amour et dans la volonté de Dieu, où l’on possédera tout en commun, parce que, ce que l’un aura de moins en lui, il se réjouira de l’avoir dans un autre ; car Dieu sera tout pour tous. Voilà pourquoi les réguliers, qui demeurent ensemble dans le cloître, se lèvent la nuit pour aller à l’office divin, et, abandonnant les biens de ce siècle, mettent tout en commun et vivent sans avoir rien en propre.

XLIII. La diversité des demeures et des offices dans le cloître est la diversité des demeures et des récompenses dans le royaume céleste : « Car, dans la maison de mon Père, il y a

  1. Note 7 page 316.