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entre les autres vertus, le mérite même de la chair affligée profite, comme le lin tordu étale sa blancheur sur la beauté variée du surhuméral.

XII. Sixièmement, le prêtre revêtait le logium (logion), c’est-à-dire le rational, qui signifiait que le pontife doit se revêtir de la discrétion, qui lui sert pour discerner la lumière des ténèbres, la droite de la gauche, parce qu’il n’y a pas d’union possible entre la lumière et les ténèbres, ni entre le Christ et Bélial. Le rational était carré, pour marquer que le prêtre doit discerner quatre choses, à savoir : le vrai du faux, afin de ne point dévier dans ce qu’il doit croire ; le bien du mal, afin de ne pas dévier dans ce qu’il doit faire. Il était encore double, parce que le prêtre doit avoir du discernement pour deux personnes, savoir : pour lui et pour le peuple, de peur que, « si aveugle [qu’il est], il conduit un autre aveugle, tous deux ils viennent à tomber dans le fossé. » Il avait aussi quatre rangs de pierres, qui signifiaient que le pontife doit avoir quatre vertus principales, savoir : la justice, la force, la prudence et la tempérance. Or, à chaque rang il y avait trois pierres, ce qui signifiait que le pontife, en premier lieu, doit avoir la foi, l’espérance et la charité ; en second lieu, la modestie, la mansuétude et la bénignité ; en troisième lieu, la paix, la miséricorde et la largesse ; en quatrième lieu, la vigilance, la sollicitude et la longanimité. Car les pierres figurent les vertus, selon cette parole : « Mais si quelqu’un élève sur ce fondement un édifice d’or, d’argent, de pierres précieuses, de bois, de foin, etc., l’ouvrage de chacun paraîtra enfin, et le jour du Seigneur fera voir ce qu’il est, etc. »[1]. Le rational

  1. « L’or, l’argent, les pierres précieuses, c’est ou la doctrine évangélique pure, saine et solide, qui porte à la piété, ou les bonnes œuvres, une vie bien chrétienne. Le bois, le foin, la paille, etc., c’est ou la doctrine mêlée d’opinions incertaines, fabuleuses, nées des superstitions judaïques ou de fausses traditions revêtues de l’éloquence humaine, ou l’attachement déréglé aux choses de la terre, les imperfections et fautes vénielles. » ( Note de Le Maistre de Saci.)