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VI. On doit se servir de noir dans la sixième férié ou Parascève (Vendredi saint), et dans les jours d’affliction et d’abstinence pour les péchés, et aussi aux Rogations, comme on le verra dans le Traité de ce nom, dans la sixième partie, et dans les processions que le pontife romain fait les pieds nus, et aux messes pour les défunts, et depuis l’Avent jusqu’à la vigile

la Nativité [Noël), et depuis la Septuagésime jusqu’au samedi de Pâques. Car l’épouse dit dans les Cantiques : « Je suis noire, mais belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Cédar, comme les pavillons de Salomon ; ne veuillez pas me mépriser, parce que je suis brune, car le soleil m’a décolorée. » Mais dans la fête des saints Innocents, les uns prétendent qu’on doit se servir de noir, et les autres, au contraire, de rouge : les premiers, à cause de la tristesse, parce qu’ « Une voix a été entendue dans Rama, ainsi que des pleurs et de grands hurlements de douleur ; c’était Rachel qui pleurait ses fils, etc. » Car, aussi pour la même cause, on suspend un peu les cantiques d’allégresse, et on porte la mitre sans orfroi, à cause de leur martyre ; ce dont l’Église, faisant surtout commémoration, dit : « Sous le trône de Dieu tous les saints crient : Venge notre sang qui a été répandu, Seigneur notre Dieu. » De même aussi le dimanche de Lætare, Jérusalem (Réjouis-toi, Jérusalem), à cause de l’allégresse que désigne la Rose d’or[1], le pontife romain porte la mitre parée de l’orfroi ; mais à cause de l’abstinence il se sert de vêtements noirs. Mais l’Église romaine se sert maintenant de la couleur violette quand cette fête arrive hors du dimanche, et de rouge dans l’octave de cette même fête.

  1. On donne le nom de Rose d’or (Rosa aurea) à une rose de ce métal que le Pape a coutume de bénir le dimanche de Carême où l’on chante Lœtare Jerusalem, et qu’après la messe il porte en procession dans Rome, et donne ensuite à quelque grand prince ou roi présent alors à sa cour, ou bien qu’il leur envoie, avec le conseil du Sacré-Collége et selon qu’il lui plaît. (V. le Cérémonial romain, lib. 1, sect. 7, où sont rapportées les oraisons propres à la bénédiction de cette rose et certaines particularités touchant sa signification.) — Nous parlerons ailleurs, et au long, de cette cérémonie intéressante.