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VIII. Les quatre croix de pourpre, ce sont les quatre vertus nécessaires au gouvernement (politicœ) spirituel, savoir : la justice, la force, la tempérance et la prudence, qui, si elles ne sont pas empourprées dans le sang de la croix du Christ, s’arrogent faussement le nom de vertus, et ne conduisent pas à la véritable gloire de la béatitude. C’est pourquoi le Seigneur dit aux apôtres : « Si votre justice n’est pas plus abondante que celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. » C’est la pourpre du roi, teinte dans les canaux [des teinturiers], dont Salomon fait mention dans le Cantique des Cantiques. Celui donc qui est décoré de la gloire du pallium, s’il désire être ce qu’on a dit, doit avoir devant lui la justice, afin de rendre à chacun ce qui lui appartient ; derrière lui la prudence, afin de prendre garde à ce qui peut nuire à quelqu’un ; la force à gauche, afin que l’adversité ne l’écrase pas ; la tempérance à droite, afin que la prospérité ne l’enfle pas.

IX. Et on enfonce trois aiguilles sur le pallium, savoir : devant la poitrine, sur l’épaule gauche, et derrière le dos. On les a imaginées non pour piquer (ad pungendum), c’est-à-dire non pas à cause des épines (punctiones) de cette vie, mais pour joindre la planète et le pallium ensemble. D’où vient qu’anciennement on mettait sur les planètes certains anneaux par où l’on passait les aiguilles, avec lesquelles on fixait à la fois le pallium et la planète, afin que le pallium ne changeât pas de place. Cependant nous pouvons entendre par les trois aiguilles, sans lesquelles le pallium ne peut être convenablement mis par l’évêque, la Foi, l’Espérance et la Charité. Ces trois aiguilles signifient encore la compassion aux peines du prochain, l’administration de sa charge, et le discernement dans le jugement, dont la première pique l’ame par la douleur, la seconde par le travail, la troisième par la crainte. La première piquait l’Apôtre, lorsqu’il disait : « Quel est celui qui est malade, avec qui moi je ne sois pas malade ? Quel est celui qui est scandalisé,