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de manière à ce qu’à la fois il remplisse comme Marthe, avec promptilude et zèle, les devoirs fréquents de sa charge, et qu’à l’exemple de Marie il écoute les paroles du Sauveur. Cependant, les deux bandes sont pesantes par le bas, parce que le corps, qui est corrompu, appesantit l’ame, et que le séjour de la terre accable la raison, qui pense à beaucoup de choses.

VI. Le pallium est double au côté gauche, de même que le rational ; mais il est simple à droite, parce que la vie présente, que symbolise le côté gauche, est sujette à beaucoup d’angoisses, et que pendant son cours nous ne pouvons pas manquer d’être exposés à la duplicité : car tantôt nous sommes enflés par la prospérité, tantôt brisés par l’adversité ; tantôt nous demandons les choses de la terre, tantôt nous désirons celles du ciel ; tanntôt nous sommes les esclaves du corps, tantôt les serviteurs de l’ame ; mais la vie future, qui est symbolisée par le côté droit, est toujours unie en un seul repos, ce que la Vérité même a marqué, quand elle a dit : « Marthe, Marthe, tu es pleine de sollicitude et tu te tourmentes pour beaucoup de choses. En somme, une seule est nécessaire : Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point enlevée. »

VII. Le pallium est encore double à gauche, afin quele prélat soit fort pour supporter les tourments de la vie présente ; simple à droite, afin qu’il soupire de toute son affection après le moment où il obtiendra le repos de la vie future, selon cette parole du Psalmiste : « J’ai demandé une seule chose au Seigneur, et je lui réitérerai ma demande : c’est d’habiter dans la maison du Seigneur pendant tous les jours de ma vie. »

Par là il n’y a aucune duplicité ou détour[1], mais la prospérité dans l’adversité, la joie sans la tristesse, et la félicité sans le malheur.

  1. Sive ruga ; ce mot a le sens de rue dans le bas-latin, et, dans le principe, signifiait les détours que décrit un ruisseau ou le cours d’une fontaine. La forme tortueuse des anciennes rues percées dans les vici primitifs ou pâtés de maisons servant à la demeure de tous les membres d’un même corps d’état, leur a fait donner avec raison le nom de ruga, rugæ.