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prix non par lui-même, mais par ce qu’il signifie en lui-même pour qu’il soit remarquable non aux yeux, mais à l’ame, et afin que le pontife comprenne qu’il s’en revêt non comme d’une parure, mais comme d’un signe.

IV. Le tour du pallium qui serre les deux épaules, c’est la crainte du Seigneur, par laquelle on exerce les œuvres, et elles sont serrées, de’peur qu’elles ne se laissent aller à des choses défendues ou qu’elles ne se relâchent pour les choses superflues car la discipline empêche la gauche des choses illicites par le spectacle effrayant de la punition, mais préserve la droite des choses superflues par l’amour de la justice. Bienheureux donc l’homme qui est toujours tremblant ; car, selon l’avis de Salomon, « la crainte du Seigneur repousse le péché ; mais celui qui vit sans crainte ne peut être justifié. » Voilà donc pourquoi le cercle du pallium serre les épaules au-dessous du cou, pour marquer que celui qui le porte doit être le même dans les œuvres et dans les paroles.

V. Mais nous pensons que les deux bandes, dont l’une passe derrière le dos et l’autre devant la poitrine, signifient les soin et les sollicitudes de cette vie, par lesquels le cœur et les épaules du pontife sont très-souvent appesantis et empêchés de telle sorte qu’ils le détournent de son état propre et l’obligent à penser et à porter certaines pensées vaines et passagères. De là vient que fréquemment on adapte le pallium devant et derrière, à droite et à gauche, devant la poitrine et sur les épaules, afin qu’estimant moins ces choses, et les mettant en quelque sorte derrière lui, il comprenne qu’il doit souvent rentrer en lui-même. Le pallium signifie aussi la vie active et contemplative, à laquelle le prélat doit s’exercer de telle manière, qu’à l’exemple de Moïse il monte tantôt sur la montagne, et là y parle de la sagesse (philosophetur) avec le Seigneur, et qui tantôt il descende au camp, et là pourvoie aux besoins des peuples, faisant d’avance attention de pouvoir quelquefois se rendre à lui-même après qu’il se sera donné souvent aux autres,