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RATIONAL

combat. Et le pontife, lorsqu’il se met ou s’ôte le pallium, l’embrasse pour marquer le souverain désir qu’il a de combattre légitimement et de mériter le prix.

III. Or, le pallium est tissé de laine blanche[1], avec un bordure ; il serre les épaules, et a deux bandes des deux côtés qui pendent du haut en bas par devant et par derrière ; à gauche, il est double ; à droite, simple. Il a quatre croix de pourpre devant et derrière, à droite et à gauche. On fiche sur le pallium trois aiguilles, et il y en a certaines qui ne peuvent être

  1. L’auteur du Cérémonial romain (lib. i, sect. 10) donne, au sujet de confection du pallium, quelques détails intéressants que nous traduisons ici : « Le soin de confectionner et de garder les pallium appartient aux sous-diacres apostoliques, qui les font de laine pure et blanche en la manière qui suit : Les religieuses du monastère de Sainte-Agnès, ou les religieux qui sont dans cette église, offrent chaque année deux agneaux blancs sur l’autel de cette église, le jour de la festivité de sainte Agnès, pendant qu’à la messe solennelle on chante l’Agnus Dei ; ces agneaux sont reçus par deux chanoines de l’église de [Saint-Jean-de-] Latran, et par eux ensuite confiés aux sous-diacres apostoliques, qui envoient ces mêmes agneaux dans les pâturages, jusqu’à ce que vienne le temps opportun pour les tondre. On tond la laine sur ces agneaux, on la mêle avec une autre laine blanche et pareillement propre, et on la réduit en fil dont on fait les pallium à la largeur de trois doigts ramenés en cercle, afin que de cette façon ils entourent les épaules des prélats. Sur la poitrine et sur les reins, le pallium a une bande qui pend de la longueur d’un palme, et dont l’extrémité est garnie de petites lames de plomb de la même largeur et arrondies par le bout, couvertes de soie noire et cousues sur les bandes qui pendent devant et derrière et sur les deux épaules. Les pallium étant ainsi faits, sont portés par les sous-diacres à la basilique du prince des Apôtres, et placés par les chanoines de la basilique sur les corps de [saints] Pierre et Paul, apôtres, sous le maître-autel (sub majori altari), où, après qu’on a célébré, selon la coutume, les vigiles pendant la nuit, on les ôte de là, et ensuite on les rend aux sous-diacres, qui les gardent dans un endroit convenable. » C’est de là qu’on dit que les pallium sont pris de dessus le corps de saint Pierre.
      Le camérier Cencius (ou Cenci) parle de la manière dont le Pape confère le pallium ; voici ce qu’il en dit (in Ceremoniali) : « Le prieur de Saint-Laurent, membre du sacré palais, met sur l’autel le pallium, qu’il doit apprêter de sa propre main, et aussitôt l’archidiacre, avec le second diacre, le donne au pontife [l’évpque], et le seul archidiacre lui dit : Reçois le pallium, c’est-à-dire la plénitude de la charge pontificale, pour l’honneur du Dieu tout-puissant et de la très-glorieuse Vierge sa mère, et des bienheureux apôtres Pierre et Paul [et S. R. E.) et de la sainte Église romaine, et rien autre chose. Et à l’instant l’archidiacre, avec le prieur de la basilique (basilicarius), met le pallium sur les épaules du pontife, en faisant entrer devant et derrière et au côté gauche trois aiguilles d’or, sur la tête desquelles sont enchâssées trois pierres d’hyacinthe ; et ainsi orné, le pontife s’approche de l’autel et y célèbre solennellement la messe. »