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que le pontife se souvienne qu’il est homme et ne s’enfle pas à cause du pouvoir qui lui a été conféré. Parfois on écrit autour du fer : « Pardonne, » afin que dans la discipline il épargne ceux qui sont soumis, et que, miséricordieux, il mérite par sa miséricorde d’éprouver celle des autres.

IV. Et le bâton, qui est aigu à son extrémité inférieure, droit par le milieu et recourbé à son extrémité supérieure, marque que le pontif doit aiguillonner les paresseux, conduire les faibles dans le droit chemin, et rassembler ceux qui errent. De là ce vers :

Collige, sustenta, stimula, vaga, morbida, lenta.

Et, rendant à chaque partie de la crosse l’action qui lui convient, le vers suivant contient tout ce qui a été dit ci-dessus :

Attrabe per primum, medio rege, punge per imum[1].

V. Mais le pontife de Rome ne se sert pas de la verge pastorale, tant à cause de l’histoire que de la raison mystique. Pour l’histoire, c’est parce que le bienheureux Pierre, apôtre, envoya avec quelques autres, pour prêcher l’Évangile aux Germains, Martial, son élève, que le Seigneur plaça entre ses disciples, lorsqu’il dit : « Si vous ne devenez comme ce petit enfant, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. » Et, comme ils étaient en chemin, Frontus, son collègue, étant mort à vingt journées de Rome, il y retourna pour annoncer à Pierre cette nouvelle. Pierre lui dit : « Prends ce bâton, et, le touchant avec, dis : Lèves-toi au nom du Seigneur et prêches. » Et lui, le quarantième jour après sa mort, il le toucha, et il se leva, et il prêcha, et c’est ainsi que Pierre envoya son bâton loin de lui, et le donna à ses inférieurs, et ne le recouvra plus. Mais le pape Innocent III a écrit dans le Miroir de l’Église (Speculum Ecclesiœ) que le bienheureux Pierre en-

  1. Il y a unum dans Durand ; c’est une faute.