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croit empruntée de la tunique sans couture du Seigneur, et du collobium des apôtres. Or, le kollobion est un vêtement sans manches, comme on le voit par la cucule monacale ; mais le pape Sylvestre le changea en dalmatique, en y ajoutant de larges manches, et établit qu’on la porterait aux sacrifices de l’autel.

II. Et elle a été appelée dalmatique, parce qu’elle a été inventée en Dalmatie, et après tous les autres vêtements sacerdotaux. Par sa forme, elle signitîe la générosité (largitatem), parce qu’elle a des manches larges et longues ; d’où vient, selon l’Apôtre, qu’il faut que l’évêque ne soit pas avide d’un lucre sordide, mais hospitalier. Il ne doit donc pas avoir la main resserrée pour donner, et étendue pour recevoir ; mais il doit mettre en pratique ce que le Prophète conseille : « Romps ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta demeure les pauvres errants, etc. » Et c’est peut-être à cause de cela que les sous-diacres se servent surtout de la dalmatique, parce que, dans le principe, ils furent élus par les apôtres pour servir d’office à la table sainte et à celle des agapes.

III. Au reste, la dalmatique du diacre a des manches plus larges que la tunicelle du sous-diacre, que l’on appelle en quelques endroits subtile, parce qu’il doit avoir une charité plus étendue que le sous-diacre, à cause des dons plus grands que lui confère sa charge elle-même. La dalmatique du pontife a des manches encore plus larges que celles du diacre, pour marquer qu’il est plus dégagé et plus libre, n’ayant rien qui resserre sa main, parce qu’il doit donner tout généreusement en vue et en échange des biens célestes ; car la charité doit s’étendre même jusqu’aux ennemis particuliers (inimicos). Assurément, la tunicelle du sous-diacre, la dalmatique du diacre et la chasuble du prêtre remplacent la tunique d’hyacinthe, qui était de couleur céleste, c’est-à-dire aérienne (bleu de ciel), pour marquer que tous les ministres de l’autel doivent avoir une conversation et une vie célestes, quoique en plus ou en