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III. L’usage du manipule n’a pas été emprunté d’Aaron, nais des anciens Pères, parce que (comme on le lit dans le Martyrologe de Bède), Arsène portait toujours un suaire dans on sein ou à sa main, pour arrêter le cours abondant de ses larmes. Les saints Pères avaient aussi, quand ils disaient la sainte messe et quand ils administraient les sacrements, des mapellœ, c’est-à-dire de petites nappes [parvœ mappœ), et des linges sur les mains, tant pour se les essuyer que pour se les couvrir par respect pour les espèces sacrées qu’ils touchaient.

IV. Enfin, pour ce qui se rapporte à notre chef [capiti), qui est le Christ, le manipule que le prêtre porte à gauche désigne les palmes que le Christ remportait sur son passage. Car le manipule désigne la récompense et le prix du travail, selon ce qu’on lit : « Et ils viendront, ils viendront pleins d’allégresse, portant leurs gerbes (manipulos suos). » Par la gauche, nous entendons cette vie présente, selon cette parole : « Sa main gauche soutient ma tête, et sa droite m’embrassera. » Et le Christ jouissait et méritait tout à la fois : il jouissait dans le ciel, demeure de son Père (in patria), et méritait dans son voyage (in via) sur la terre. Car il saisissait en même temps le rameau du triomphateur, et parcourait le stade de l’athlète, parce qu’il était en même temps dans sa patrie et sur la route qui y conduit. « Personne, dit-il, ne monte dans le ciel que celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel. »

V. Le manipule représente aussi la corde de chanvre dont Jésus, après avoir été pris par les Juifs, fut lié. Ce qui a fait dire à [saint] Jean (chapitre xviii) : « Ils le saisirent et le lièrent. » Or, on a coutume de ne donner le manipule au Pontife romain qu’après qu’il a revêtu la planète (chasuble) ; ce quui a été observé par plusieurs auteurs, et dont on parlera dans la quatrième partie, au chapitre de la Confession du prêtre, ou du Confiteor.

VI. Et il est à remarquer que le diacre et le sous-diacre