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CHAPITRE VI.
DU MANIPULE (38)[1]


I. Mais, parce que souvent la tristesse se glisse en secret dans les âmes bien disposées et dévouées au culte de Dieu, et que, par la torpeur qui en est la résultat, elle rend l’ame assoupie, ce qui a fait dire au Psalmiste : « Mon ame a sommeillé à cause de son ennui, » c’est pourquoi on place à la main gauche du ministre qui va célébrer le saint sacrifice de l’autel une serviette (manipula)[2], que l’on appelle fanon (fanum)[3], manipule (manipulus)[4], ou suaire (sudarium)[5], afin qu’il essuie

  1. Voir la note 37 page 433.
  2. Manipula a parfois le sens de baculus, un bâton : [Homo quispiam… damnatis quinquennio luminibus, illico ut ante sancta sanctorum manipula regente pervenit, amissum… lumen resumit.] (V. Hist. translat. S, Sébastiani, mart., c. 12, n. 60.) Ce mot signifie encore la mitre épiscopale, et une petite nappe ou serviette (mappula, mantile) ; enfin, une truelle de maçon ; mais ici nous devons nous arrêter au sens de serviette. [Ad hoc habent cultellos, quibus eos (panes) radant, et prœparant, et ad hoc manipulas quas prius ad collum suspendunt, ut, dum raserint et paraverint ipsos panes, possint contra pectus honeste reclinare.] (V. Bernardi, mon. ord. cluniac, part. I, c. II, apud Du Cange, voce Manipula, nos 1, 2, 3 et 4.)
  3. Et mieux : fano, phano, fanonus, etc. Ce mot a le sens de nappe (mappa), de corporal ; c’est à ce dernier sens, et tel que l’explique Raban Maur (De ïnst. cleric, lib. 1, c. 18), que nous nous arrêtons : [Mappula, sive mantile, dit-il, sacerdotis indumentum est, quod vulgo phanonem vocant, quod ob hoc eorum tune manibus tenetur, quando missœ officium agitur, ut paratos ad ministerium mensœ Domini populus conspiciat.] De fano est venu fanon. « Jadis, dit Du Cange (in Gloss., voce Phano), les fanones étaient faits de lin, non de drap, et comme une petite serviette blanche. »
  4. Appelé aussi sudarium (suaire, mouchoir pour s’essuyer la figure, a sudore). [Manipulus est ornamentum manus, ] dit Guillaume-le-Breton (in Vocabul.) Et Anastase, en la Vie de saint Zozime : [Fecit constitutum, ut diaconi lœvas tectas haberent de palliis (id est manipulis vel mappulis) linostinis (de lin). (V. Du Cange, voce Manipulus.) Manipulus a aussi le sens de gerbe, sur quoi repose l’application d’un passage de David faite par Durand au manipule du prêtre. [Venientes autem venient cum exultatione, portantes manipulos suos. ]
  5. Sudarium, autrement mappula et manipulus. (V. Amalaire, 1. 2, De Ecoles, offic, c. 24.) — C’est aussi un voile de tête, un drap servant à ensevelir ; enfin, un mouchoir pour arrêter la sueur de la tête et du cou.