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du prêtre ou dans ses membres. Elle figure aussi, à cause de sa blancheur, la pureté de la vie, selon ce qu’on lit : « Qu’en tout temps tes vêtements soient blancs. » Et elle est de bysse ou de lin, à cause de ce qu’on lit : « La justice des saints est comme un vêtement de lin. »

II. Or, le bysse est un lin qui croît en Égypte. Et, de même que le lin ou le bysse acquiert par l’art, et après avoir été fortement battu et peigné, la blancheur qu’il n’a pas de sa nature, ainsi la chair de l’homme obtient par l’exercice des bonnes œuvres, après s’être macéré par beaucoup de pénitences et par un don gratuit de la grâce, la pureté que la nature ne lui a pas donné en partage. Donc, que le prêtre, selon l’Apôtre, châtie son corps et le réduise en servitude, de peur que, par hasard, après avoir prêché aux autres il ne vienne lui-même à être réprouvé.

III. Or, l’aube a un capuce, qui est la profession ou la pratique de la chasteté. Elle a aussi un cordon, qui signifie la langue du prêtre, qui lie ceux qui résistent à Dieu (contumaces), et délie ceux qui font pénitence. Ce vêtement, qui, dans l’ancien sacerdoce, s’appelait linea, ou podèrnès en grec, ou tunica talaris en latin, était étroit, selon les descriptions que l’on en lit, à cause de l’esprit de servitude et d’esclavage dans lequel vivaient les Juifs pleins de crainte. Mais dans le nouveau sacerdoce il est large, à cause de l’esprit d’adoption dans la liberté, par laquelle le Christ nous a délivrés. Quant à ce qui est de l’orfroi et des franges ou festons[1], qu’en divers lieux et d’ouvrages divers elle a pour ornement, cela fait entendre ce que le Prophète dit dans le psaume : « La reine se tient à ta droite, avec un vêtement doré et garni de diverses broderies. »

  1. Aurifrisium et grammata ; on dit aussi aurifrasium, auinfrigia et aurifres. [Dalmatica cum safre sive aurifres ante et retro] dans l’inventaire des ornements de la sacristie de Saint-Victor de Marseille, tiré des archives de ce monastère. En français, frange d’or ou ouvrage phrygien. La Chronique de Laurisham, p. 93 : [Capae très cum aurifrigiis, palla altaris cum aurifri-