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souvent avant tous les autres habits sacrés ; parce que ceux qui sont destinés au culte saint doivent briller, par-dessus tous les actes des vertus, de l’innocence de la vie, selon cette parole du Psalmiste : « Les innocents et les hommes droits se sont attachés à moi. » Quatrièmement, à cause de son ampleur il désigne convenablement la charité ; d’où vient qu’on le met par-dessus les profanes et communs vêtements, pour marquer que « la charité couvre la multitude des péchés. » Cinquièmement, à cause de sa forme ; comme il est fait en façon de croix, il figure la passion du Seigneur, et que ceux qui le portent doivent être crucifiés avec leurs vices et leurs concupiscences.

XII. Or, en certains lieux on fait les surplis avec les chrêmeaux (de chrismalibus lineis) que l’on met aux enfants baptisés ; et ceci a lieu à l’exemple de Moïse, qui de la pourpre et du lin très-fin et des autres choses offertes par le peuple, pour le tabernacle, fit des habits dont se revêtaient Aaron et ses fils quand ils remplissaient leur ministère dans le sanctuaire. (Exod., xxxix cap.)

XIII. Il y a encore aussi un autre habit que l’on appelle phvvial ou chape (capa) (33)[1], et que l’on croit avoir remplacé la tunique de l’ancienne loi. D’où vient que, de même que la première était garnie de petites clochettes, ainsi la seconde l’est de franges, qui sont les labeurs et les inquiétudes de ce monde. Elle a aussi un capuchon, qui est la joie suprême. Elle descend jusqu’aux pieds ; ce qui signifie la persévérance finale. Elle est ouverte dans la partie antérieure, pour marquer que la vie éternelle est ouverte à ceux qui vivent saintement ; ou parce que la vie des chrétiens doit être comme un exemple patent devant les yeux de leurs frères. On entend encore par la chape la glorieuse immortalité des corps. D’où vient que nous ne la revêtons que dans les plus grandes festivités, considérant que, lors de la résurrection à venir, les élus, après avoir jeté loin d’eux le fardeau de la chair, recevront deux robes

  1. Voir note 33 page 427.