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dans le Nouveau que dans l’Ancien-Testament, que les pontifes auraient, en outre des vêtements communs, des habits particulicrs : il y en avait (quatre conmuns et quatre spéciaux, comme on le dira au chapitre des Vêtements de l’ancienne loi ; et la raison mystique le voulait ainsi, car ces habits ont été donnés aux hommes charnels et mondains, parce que le nombre quatre convient à la chair, à cause des quatre humeurs, et au monde, à cause des quatre éléments. Mais quant aux nôtres, ils ont été donnés aux spirituels et aux parfaits.

VIII. Car le nombre six, qui est parfait, parce qu’il se compose de ses parties rassemblées, convient aux hommes parfaits ; d’où vient que ce fut le sixième jour que Dieu parfit le ciel et la terre et tout leur ornement ; et aussi, quand les temps furent accomplis et que le sixième âge du monde fut arrivé, il racheta le genre humain à la sixième heure du sixième jour. Or, le nombre six est un nombre parfait, parce qu’il est complet dans le rang des nombres ; car lorsqu’on dit : Un, deux, et trois, le nombre six est rempli ; ou bien parce qu’il se divise en trois parties, c’est-à-dire en sixième, en tiers et en demi, à savoir : en un, en deux et en trois. Le nombre neuf convient aussi aux spirituels, parce qu’il y a neuf ordres d’anges, qui, selon le Prophète, sont désignés par les neuf espèces de gemmes ou pierres précieuses[1].

IX. Donc, il y a quinze ornements pour le pontife, qui désignent les quinze degrés des vertus par leur nombre même, et que le Psalmiste a distingué par quinze cantiques gradués. Or, les habits sacerdotaux signifient les vertus dont les prêtres

  1. Voyez l’excellent travail de Mme Félicie d’Ayzac (dame de la Maison impériale de Saint-Denis) sur la Symbolique des pierres précieuses, ou Tropologie des gemmes, publié dans les Annales archéologiques (livraison d’octobre 1846). Mme d’Ayzac, avec une érudition aussi agréable que solide, prélude, par des articles fort remarquables sur l’archéologie catholique, à la publication d’un livre dont tous les amis de l’art chrétien hâtent de leurs vœux l’apparition ; cet ouvrage aura pour titre : Des Nombres dans l’Archéologie chrétienne. Nul doute que les idées de Mme d’Ayzac, puisées à d’excellentes sources, ne viennent nous révéler enfin un des points les moins explorés, et cependant des plus curieux, de l’histoire de l’art religieux chez nos pères.