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condes noces ; ni même celui de la profession, mais elle le prend elle-même sur l’autel. Il y a cependant des auteurs qui disent que, quoiqu’elle ne puisse pas être voilée par l’évêque, elle peut l’être pourtant par un prêtre du voile de la profession ou de la conversion, et qu’elle reçoit aussi de lui ou de celui qui l’assiste l’habit ou le vêtement religieux. Toutefois, on trouve dans le livre Pontifical selon l’ordre romain la bénédiction d’une veuve faisant profession de continence et celle de son voile. Car le Seigneur consola la veuve de Sarepta par le ministère d’Elie, son prophète, et nous avons vu dans la ville d’Ostie (Hostien) l’évêque bénir, en même temps que les vierges, deux veuves en qualité de religieuses.

XLVIII. Le voile de l’ordination se donnait aussi à la diaconesse (26)[1], à l’âge de 40 ans, afin qu’elle pût lire l’évangile aux nocturnes[2]. Le concile de Laodicée (Laudicen) établit « que les femmes qui, chez les Grecs, étaient appelées prêtresses {presbyterœ), chez nous veuves (viduœ), et dans l’Église vieilles et respectables (seniores), veuves d’un seul homme (univirœ), ou sages-femmes (matricuriœ), ne devaient pas être ordonnées. »

XLIX. Autrefois, on donnait le voile de la prélature aux abbesses à l’âge de 40 ans. Or, il est une chose qu’il faut savoir, c’est que notre très-sainte et très-sacrée (sacrosancta) mère l’Église a des rangs et des degrés distincts. Et, lorsque le pontife romain célèbre solennellement la messe, il a avec lui six ordres de clercs, qui sont : les évêques, les prêtrès, les diacres, les sous-diacres, les acolytes et les chantres ;

  1. Voir la note 26, page 411.
  2. ... Ut posset legere evangelium in Nocturnis. — Il est souvent fait mention dans les liturgistes, non-seulement de religieuses qui avaient le droit de porter l’aumusse, le surplis, le manipule et l’étole même, mais encore de lire l’évangile, comme nous le prouve te passage suivant de la Vie de sainte Aure, abbesse : « Un jour, dit son légendaire, cette bonne et sainte abbesse, impatiente d’ouïr mal prononcer l’évangile, ôta l’étole au diacre et entreprit de le dire elle-même, dont elle fut reprise par son bon ange. » La rude pénitence qu’elle s’imposa fut pour punir, non sa témérité d’avoir voulu faire une chose qui lui était permise de droit, mais son impatience très-condamnable dans un lieu consacré au recueillement et à la prière. (V. Jacques Quétif, Vie de madame sainte Aure, et Lebrun des Marettes, Voyages liturgiques en France.)