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la mort. Et c’est pourquoi Prothée établit l’usage de porter l’anneau au doigt annulaire, dans lequel est une veine qui procède du cœur. Ensuite on remplaça les bagues de fer par des ba gues d’or, et, au lieu d’aimant, on les orna de pierres précieuses [gemmis], parce que, de même que l’or l’emporte sur les : autres métaux, ainsi l’amour a le pas sur tous les biens. Et ainsi que la gemme orne l’or, de même toutes les vertus rehaussent l’amour conjugal. Et les noces (nuptiœ), selon saint Ambroise, tirent leur nom de nubere (voiler). Car celles qui marient (nubunt) ont coutume de se voiler (obnubere) la tête par respect et de garder le silence. Voilà pourquoi Rébecca ayant vu Isaac, auquel elle devait être unie, commença à voiler (obnubere) sa tête. La pudeur doit précéder les noces, d’autant que la pudeur est une plus grande garantie pour le mariage lui-même, et que la femme doit paraître avoir été plus désirée par l’homme que l’homme par elle. Et, selon saint Jérôme, Connubia legitima peccato carent, non tamen tempore illi quo actus conjugales geruntur, prœsentia Spiritus sancti datum etiam, si propheta esse videatur, qui officio generationis obsequitur.

XII. Il est à remarquer aussi qu’un triple mystère est désigné in carnali matrimonio consummato. Le premier mystère c’est l’union spirituelle de l’ame à Dieu par la foi, l’amour (dilectio) ou la charité, qui est l’union de la volonté ; la charité, qui consiste en un seul esprit entre Dieu et l’ame juste, ce qui a fait dire à l’Apôtre : « Celui qui s’attache à Dieu forme un seul esprit avec lui. » Ce mystère est représenté par l’union des esprits qui a eu lieu lors des premières fiançailles du mariage selon la chair (carnalis matrimonii). Le second mystère, c’est l’union de la nature humaine à Dieu, qui a eu lieu dans sein (in utero) d’une Vierge, par l’incarnation du Verbe de Dieu, ou la conformité de la nature, selon la chair, entre le Christ et la sainte Église ; à quoi se rapporte cette parole : « Le Verbe s’est fait chair, etc. » Ce mystère est repré-