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loi. Voilà pourquoi le Seigneur, aux noces de Cana, changea l’eau en vin. Et si quelqu’un n’est pas aspergé de ce vin, c’est-à-dire quiconque ne boit pas de ce vin ou n’a pas confiance à ceux qui le lui offrent, il ne parviendra pas au bonheur de la vie éternelle. Et l’aspersion de la cendre, par laquelle on entend l’humilité de la pénitence, est si nécessaire, que sans elle la rémission des péchés n’a pas lieu dans les adultes ; car c’est par elle qu’on se prépare au baptême, et elle est l’unique refuge ouvert aux pécheurs après le baptême. Voilà pourquoi ce n’est pas sans raison que le Seigneur, parlant de Jean dans l’Évangile, appelle du nom de baptême ce qu’il fit : « Il vint, dit-il, dans tout le pays de Galilée, prêchant le baptême de la pénitence pour obtenir la rémission des péchés. » Et remarque qu’il y a quatre genres d’eau bénite, dont il sera parlé dans la quatrième partie, au chapitre de l’Aspersion de l’eau bénite.

XIV. Toutes ces choses étant achevées, le pontife fait quatre croix avec la même eau, aux quatre cornes de l’autel, et une au milieu. Les quatre croix représentent les quatre sortes de charité que doivent avoir ceux qui approchent de l’autel, à savoir : de chérir Dieu, eux-mêmes, leurs amis et leurs ennemis (inimicos). Il est dit touchant ces quatre cornes de la charité (Genèse, xxvii) : « Tu t’étendras à l’orient et à l’occident, au septentrion et au midi. » Et c’est pourquoi on fait quatre croix aux quatre cornes de l’autel, pour marquer que le Christ a sauvé les quatre parties du monde par la croix. Secondement, elles sont faites pour marquer que nous devons porter la croix du Seigneur de quatre manières, à savoir : dans le cœur, par la méditation ; dans la bouche, par la confession ; dans le corps, par la mortification ; sur le front, par l’impression assidue de son signe. La croix faite au milieu de l’autel signifie la passion que le Christ a subie au milieu de la terre, et par laquelle il a opéré le salut au milieu de la terre, c’est-à-dire dans Jérusalem.