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chaîna la mort afin qu’elle manifestât la gloire de son éternité ; mais il chanta seulement allelu-ia après sa résurrection.

VII. Secondement, en ce qui concerne la bénédiction de l’autel, il est à remarquer que l’exorcisme de l’eau se fait pour en chasser l’ennemi. Pour cette bénédiction, quatre choses sont nécessaires, à savoir : l’eau, le vin, le sel et la cendre ; et cela pour trois raisons.

VIII. Premièrement, parce qu’il y a quatre choses qui chassent l’ennemi. La première, c’est l’effusion des larmes que représente l’eau ; la seconde, c’est le transport de l’allégresse spirituelle que le vin figure. La troisième, le discernement (discretio) naturel que représente le sel. La quatrième, c’est la profonde humilité que marque la cendre. Donc, l’eau c’est la pénitence ; le vin, la joie de l’ame ; le sel, la sagesse, comme on l’a prouvé dans le précédent chapitre ; la cendre, l’humilité de la pénitence. Voilà pourquoi il est dit des Ninivites, que le roi lui-même se leva de son trône et se revêtit d’un sac, et s’assit dans la cendre. Ensuite, David a dit : « Je mangeais la cendre comme un pain, etc. » Et Abraham : « Je parlerai, dit-il, à mon Seigneur, malgré que je ne sois que poussière et cendre. »

IX. Secondement, l’eau est en quelque sorte le peuple ou l’humanité, parce que les grandes eaux sont la multitude des peuples ; le vin est la divinité ; le sel la doctrine de la divine loi, qui est le sel de l’alliance ; la cendre, parce qu’elle consigne la mémoire de la passion du Seigneur. Le vin mêlé à l’eau, c’est le Christ Dieu et homme ; et cela a lieu par la foi de la passion du Seigneur, que l’on a par la doctrine de la divine loi. Le peuple, représenté par l’eau, est joint par l’union de la foi à son chef (capiti suo), Dieu et homme.

X. Troisièmement, on peut dire que cette eau bénite signifie l’Esprit saint, sans le souffle et sans l’inspiration duquel rien n’est jamais sanctifié, et sans la grâce duquel n’a pas lieu la rémission des péchés. Or, la vérité même montre que l’Esprit