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aussi souillé, selon le témoignage du pape Grégoire et du Lévitique (c. xv). Ce qui a fait dire au Prophète : « Ils ont souillé le temple, ton sanctuaire, etc. » Et aujourd’hui on réconcilie l’église de la même manière que le temple, après l’avoir lavée avec de l’eau. Or, la réconciliation a lieu de la manière suivante : on célèbre la messe et on asperge l’église d’eau solennellement bénite avec le vin, le sel et la cendre. Le sel représente la connaissance claire et distincte (discretio) ; l’eau, le peuple ; le vin, la divinité ; la cendre, la mémoire de la passion du Christ ; le vin mêlé à l’eau figure l’union de la divinité et de l’humanité dans la personne du fils de Dieu. Or donc, on mêle ces choses ensemble pour marquer que le peuple, purifié par le souvenir clair et distinct de la passion du Christ, lui est uni. Cette cérémonie est faite par l’évêque seul, si toutefois l’église est consacrée, et bien qu’il puisse aussi confier ce soin à son coadjuteur (coepiscopo ou curé), c’est-à-dire la bénédiction de l’eau et la réconciliation de l’église, ou seulement la bénédiction de l’eau, ou même uniquement la réconciliation, l’eau étant d’abord bénie par lui ; il ne peut cependant confier ni l’une ni l’autre de ces cérémonies à un simple prêtre, à moins que par hasard il s’attribue ce droit en vertu d’un privilège spécial. Que si l’église n’est pas consacrée, on doit aussitôt, selon la Constitution de Grégoire IX, la laver avec de l’eau exorcisée ; il y a certains auteurs qui disent que ce lavement peut être fait par un simple prêtre, avec l’ordre pourtant de l’évêque, pourvu qu’il ait à cet effet de l’eau exorcisée, qui peut être faite par quel prêtre que ce soit. Pourtant, quelques hommes d’une très-grande autorité, interrogés là-dessus, ont écrit que le plus sage en cette occasion, c’est que cette cérémonie soit faite seulement par l’évêque, sans qu’il puisse en commettre le soin à un prêtre ; car les canons (De cons., d. Si motum, et c. De fabrica) appellent exorcisée l’eau solennellement bénite avec le vin et la cendre, ce qui est en effet vrai, mais ne doit être regardé