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cident, et au milieu une fois, en forme de croix, parce que le Christ ordonna de baptiser toute la Judée et tous les Gentils au nom de la Trinité ; il accorda de plus au baptême son efficacité par le ministère de sa passion, en commençant par les Juifs dont il était sorti. On répand le restant de l’eau au pied de l’autel, comme on le dira dans le chapitre suivant. Il y en a cependant qui ne bénissent pas une autre eau, mais qui remplissent tout le cours de l’office avec celle qu’ils ont bénie d’abord. Pendant ce temps-là, le chœur chante ce psaume : « Que Dieu se lève, et que ses ennemis soient dissipés, etc. » Et celui-ci : « Celui qui repose sous l’aile du Très-Haut, reposera éternellement sous la protection du Dieu du ciel. » Dans lesquels il est fait mention de l’église et de sa consécration, comme il est manifeste par ces mots : « Celui qui fait habiter dans sa maison tous les hommes d’une seule et même loi. » Et l’évêque dit : « Ma maison sera appelée maison de prière, » parce que sa charge est de faire en sorte que l’église soit la maison de Dieu, et non celle du commerce des hommes.

XXVII. Assurément, on oint du même chrême que l’autel les douze croix peintes sur les murailles de l’église. Or, on peint ces croix, premièrement pour effrayer les démons, afin que ceux d’entr’eux qui ont été chassés de là, voyant le signe de la croix, soient remplis de terreur et n’aient pas la présomption d’y rentrer. Secondement, comme des insignes de triomphe ; car les croix sont les étendards du Christ et les preuves de son triomphe. C’est donc à juste titre qu’on les peint dans l’église, afin de montrer que ce lieu est sous le joug du Christ Seigneur.

XXVIII. Car cela est aussi observé dans la pompe impériale ; et lorsqu’une cité se soumet à l’empereur, il fait ériger sur ses murs son étendard, afin qu’il y flotte. Et c’est pour représenter la même chose qu’il est dit (Gen., xxviii) que Jacob érigea en monument la pierre qu’il avait placée sous sa tête, c’est-à-dire en signe de gloire, de souvenir et de triomphe.