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vent mis pour la sagesse, selon ce mot : « Que votre parole soit mêlée de sel. » Et le Seigneur dit à ses disciples : « Ayez le sel en vous et la paix entre vous. » Et encore : « Vous êtes le sel de la terre ; que si le sel est éventé, avec quoi pourra-t-on l’assaisonner ? » C’est aussi pour cela que, d’après la loi, nulle hostie n’était offerte sans sel, et qu’on l’employait dans tout sacrifice. On reste donc convaincu, par ces exemples, que le sel est employé pour la sagesse : la sagesse est, en effet, le condiment de toutes les vertus, comme le sel est l’assaisonnement de toutes les nourritures. C’est donc encore pour cela que nul n’est baptisé avant d’avoir mangé du sel, même les enfants, afin que ce qu’ils ne peuvent avoir par la pratique, ils l’aient du moins par le symbole ou la théorie du sacrement ; enfin, voilà la raison pour laquelle on ne bénit pas l’eau sans le sel. On parlera de la seconde bénédiction de l’eau dans le Traité suivant.

XI. Or, la triple aspersion intérieure et extérieure, avec l’hysope et l’eau bénite, représente la triple immersion observée dans le baptême ; et elle a lieu pour trois raisons. Premièrement, pour chasser les démons ; car l’eau bénite a la vertu particulière de les mettre en fuite. Voilà pourquoi on dit en l’exorcisant : « Afin que l’eau devienne exorcisée, pour mettre en fuite toute puissance de l’ennemi, et pour exterminer l’ennemi lui-même, etc. » Secondement, pour purifier cette église, et en expiation des fautes qui s’y sont commises ; car tout ce qui est de la terre a été corrompu et souillé à cause du péché. Voilà aussi la raison pour laquelle on purifiait presque tout avec l’eau, sous le règne de la loi. Troisièmement, pour en écarter toute malédiction et pour y faire entrer la bénédiction. Car la terre, dès le principe, fut maudite avec son fruit, parce que d’elle avait été engendré le fruit de la déception. Mais l’eau n’a été soumise à aucune malédiction[1]. C’est pour cela que le Seigneur mangea du poisson, tandis qu’on ne lit pas expressément qu’il ait mangé de la chair.

  1. Note 20 page 374.