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Carthage (cxvi, q. VI, cap. iii) défend que ce soit un prêtre qui le fasse ; car ce soin ne peut être commis à quelqu’un d’un rang inférieur à l’évêque.

III. Or, l’église, comme l’enseignent les saints Canons, ou l’autel, ainsi que les autres objets de ce genre, ne doivent pas être dédiés, à moins que le temple n’ait été doté et doté de biens acquis d’une manière licite ; hors de ces conditions, on ne doit pas le réputer consacré. On lit, en effet, que, comme un évêque dédiait une église construite du produit d’usures et de rapines, il vit derrière l’autel le diable, assis dans une chaire, en habits pontificaux, et qui lui dit : « Cesse de consacrer cette église ; car elle appartient à ma juridiction, puisqu’elle est le résultat de l’usure et du vol. » Et l’évêque et le clergé, pleins de terreur, s’enfuirent de là, et aussitôt le diable détruisit cet édifice avec un grand fracas.

IV. De même, l’église qui a été construite dans une vue de cupidité, et à laquelle une dot insuffisante a été assignée, comme celle dans laquelle un païen ou un infidèle a été enseveli, ne doit pas être consacrée, jusqu’à ce que son cadavre ait été jeté hors de là, et que l’église ait été réconciliée, après qu’on en aura d’abord raclé les murs et les boiseries (tignis). Il en est de même aussi pour un excommunié. Et, si une femme enceinte a été enterrée en ce lieu, l’église pourra être consacrée sans qu’on la jette dehors, bien que son fruit ne soit pas baptisé. Quoique certains hommes sages et savants (sapientes) aient écrit le contraire, elle peut être aussi consacrée les dimanches et les jours ordinaires, et plusieurs évêques peuvent la consacrer, et plusieurs autels peuvent en même temps être consacrés par un même évêque dans une seule église, malgré la présence d’un autre de ses collègues avec ses prêtres.

V. Troisièmement, nous devons dire pourquoi on dédie une église ; or, cela a lieu pour cinq causes. Premièrement, afin que le diable et sa puissance soient entièrement chassés