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VIII

LE FILS DU NOIR


sonnets.


I


Je ne puis plus aimer. Le souffle d’une femme
Ne fera plus frémir mon cœur maintenant froid,
Car il a fui, ce temps, où deux yeux, en mon âme,
Allumaient un désir mêlé d’un vague effroi !

Vieillard de trente étés, mon cœur n’a plus de flamme.
Je m’en vais las, courbé, sans joie et sans émoi.
La colombe roucoule et l’amante se pâme,
Tout s’aime et se caresse en vain autour de moi.

Et, cependant, mon cœur est plein de sève encor ! Le monde
Ne l’a point desséché de son haleine immonde,
Ni flétri des baisers impurs de ses Phrynés.