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Son odeur vireuse et son analogie avec plusieurs autres plantes de la même famille avaient d’abord donné lieu de croire, qu’à l’exemple de la plupart de ses congénères, cette solanée possédait des propriétés narcotiques ou stupéfiantes, et que par conséquent elle était anodine, calmante, répercussive ; mais ces propriétés, si toutefois elle les possède, y sont si faiblement prononcées, que chaque jour une quantité d’animaux, tels que les vaches et plusieurs autres, dévorent, sous nos yeux et même avec une espèce d’avidité, ses feuilles et ses tubercules, sans en ressentir le moindre inconvénient.

On a pourtant recommandé l’usage de ses sommités et même de ses feuilles, comme calmantes et stupéfiantes, en applications extérieures, soit en décoction, soit sous forme de cataplasme, contre les contusions, les diastases, les entorses, les luxations et autres lésions locales accompagnées de douleur ; on s’en est de même servi, dans certaines circonstances, contre la brûlure, les chancres et les cancers ; mais on n’est pas encore assez certain de leurs effets narcotiques, et leurs succès dans les affections que je viens d’indiquer ne sont pas prouvés par des témoignages basés sur un assez grand nombre d’observations pour qu’on puisse y recourir avec confiance, de préférence à la morelle, à la belladone, et à plusieurs autres solanées dont les propriétés narcotiques ne sont point contestées.