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les parques

Exhalent des terreurs qui sont dignes au plus
De faire frissonner des enfants et des femmes.



Ah ! si le crépuscule avait un lendemain,
Si l’on se retrouvait au début du chemin
Pour endurer encor les affres de la vie,
Si l’on recommençait le combat douloureux
Contre l’ambition, l’égoïsme et l’envie,
Si les illusions du délire amoureux
Devaient éterniser leur flamme inassouvie,
L’homme aurait ses raisons pour reculer d’effroi ;
Mais c’est bien pour jamais que le cadavre est froid,
Que les sens sont éteints et la passion morte :
Accouplez au tombeau la maîtresse et l’amant,
Leurs débris resteront joints éternellement
Sans que du dernier lit d’hymen un soupir sorte.



Ce néant sépulcral, qui ne l’a pressenti
À cette heure nocturne où l’être appesanti
S’abat sous le genou du sommeil qui le lie ?
La volonté s’arrête et l’effort se suspend,
La pensée est perdue et la douleur s’oublie ;