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les parques

Jusqu’à l’heure sacrée, où, suivant ton chemin,
Elle ira près de toi, palpitante et voilée,
Boire aux frissons jaloux de la nuit étoilée
Les philtres inconnus et troublants de l’hymen.



Et dès que son visage a réjoui ta couche,
La rebelle fureur de ton humeur farouche
Cède comme l’orage aux flèches du soleil.
À travers le réseau des cils de ton amante
Tu trouves la tiédeur du printemps plus clémente
Et le cœur embaumé des roses plus vermeil ;
L’air des bois plus subtil te pénètre et t’enivre ;
Tu te laisses bercer au chant grave du flot ;
Tu soupçonnes que l’homme a sa raison de vivre,
Et que si la douleur militante est ton lot,
L’âpre nécessité, pour nous impitoyable,
Illumine ton sort et le rend enviable
En mêlant ce sourire à ton fatal sanglot.



Ah ! cette volupté de s’oublier soi-même,
De sentir son cœur battre au cœur de ce qu’on aime,