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VII

LE CHANT DE CLOTHO


Homme, arrêteras-tu ton aveugle ironie ?
Si tu veux mesurer la détresse infinie,
Songe à la destinée immuable des dieux.
Si tu veux contempler le supplice implacable,
Vois la sérénité morne qui les accable ;
Démêle, sous leurs fronts à jamais radieux,
Le désespoir muet de la vie impassible ;
Devine quel néant formidable est le leur,
Puisque, dépossédés du désir impossible,
Ils ont l’éternité, mais n’ont pas la douleur ;
Puisqu’ils doivent durer, durer des ans sans nombre,
Et dans ce triste azur dont l’éclat n’a point d’ombre,
Consumer leur puissance à rêver le malheur.