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les parques

Puisqu’au dénombrement des trésors amassés
Ce qu’on n’a pas s’accuse et ce qu’on a s’oublie ;
Endure jusqu’au bout la blessure du bât,
Frappe l’hydre et retourne à l’éternel combat,
Comble l’urne sans fond qui n’est jamais remplie.



L’heure vécue à peine entre dans le passé,
Et tout ce qu’elle avait d’affreux s’est effacé,
Nous laissant le regret d’une grâce posthume.
Mais quel poids importun, quelle froide sueur
Quand le remords éclaire à sa sourde lueur
Les faits auxquels jamais le cœur ne s’accoutume.
Puisque le temps s’abîme, et qu’hier est défunt,
Pourquoi conserve-t-il ce vague et doux parfum ?
Comment exhale-t-il ce relent d’amertume ?



Au deuil des jours éteints qu’il ne peut retenir
L’homme, ajoutant l’erreur de hâter l’avenir,
Ouvre vers l’inconnu son aile, l’espérance.
Insensé qui moissonne en herbe tous ses blés,
Il perd le sentiment de ses plaisirs troublés