vait à peine leurs conférences, travaillait non pour eux, mais pour lui. Ses examens de licence le préoccupaient fort peu, et, dans le désordre qui suivit la Révolution de Juillet, il les passa sans difficulté, se donnant même le luxe de mieux réussir à l’examen de Physique qu’à celui de Mathématiques[1]. Tout cela n’était rien ; son activité intellectuelle ne s’était partagée qu’entre les événements politiques qui, depuis la constitution du ministère Polignac, faisaient prévoir une crise définitive, et ses recherches mathématiques qu’il poursuivit ardemment. Le Bulletin de Férussac donna trois Mémoires de lui pendant la première moitié de 1830 ; en avril, l’Analyse d’un Mémoire sur la résolution algébrique des équations ; en juin, une Note sur la Résolution des équations numériques et un Mémoire sur la Théorie des nombres. Une Note publiée avec celui-ci annonçait qu’il faisait partie des recherches de Galois sur la Théorie des permutations et des équations algébriques. L’ensemble de ces recherches avait été présenté à l’Académie des Sciences au mois de janvier pour le concours du grand prix de Mathématiques. Galois, dit Liouville, y avait travaillé dès les bancs du collège, et, d’après la Note du Magasin pittoresque, avant même d’entrer dans la classe de M. Richard. Le manuscrit fut remis au secrétaire perpétuel, M. Fourrier, qui l’emporta chez lui et mourut avant de l’avoir examiné ; on ne le retrouva pas dans ses papiers. Après l’oubli de M. Cauchy l’année précédente, c’était là un coup du sort qui aurait jeté dans le désespoir et la colère un jeune homme moins persuadé de sa valeur que ne l’était Galois. Dans ces mésaventures répétées il vit l’effet non du hasard, mais d’une organisation sociale mauvaise qui condamnait le génie à un éternel déni de justice au profit de la médiocrité ; il en rendit responsable le régime d’oppression politique contre lequel s’accumulait l’orage. Il ne le haïssait pas seulement de la haine qui brûlait au cœur de toute la jeunesse libérale, il le haïssait aussi de ses rancunes personnelles et de tout ce qu’il avait souffert depuis son premier échec à l’École Polytechnique jusqu’à la perte de son second Mémoire à l’Académie des Sciences. Quelle joie il dut ressentir lorsque, au lendemain du jour d’anxiété et de colère qui suivit la publication des Ordonnances, le Globe apporta à l’École préparatoire
- ↑ Archives de la Faculté des Sciences.