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ALFRED DE VIGNY

l'intérêt très particulier que notre temps attache avec raison à des reliques littéraires (1). I

Alfred de Vigny s’est appliqué plus d’une fois à nous donner l’idée de la figure paternelle. Le meilleur de ces crayons, tracés par lui dans les papiers ou édités ou inédits, est peut-être celui qui se trouve, sous la date de 1831, dans le Journal d’un poète, publié par Louis Ratisbonne :

« Je suis le dernier fils d’une famille très riche. Mon père, ruiné par la Révolution, consacre le reste de son bien à mon éducation Bon vieillard à cheveux blancs, spirituel, instruit, blessé, mutilé par la guerre de Sept ans, et gai, et plein de grâces, de manières. )> Sauf l’expression « famille très riche » qu’il faudrait atténuer (2), les traits rassemblés ici sont la vérité même. Une publication récente nous apporte, à ce sujet, un moyen de contrôle qui nous avait (1) Ce document autobiographique, je crois devoir le déclarer, ne peut être abordé qu’avec précaution. Dans ces ébauches de Mémoires, produites presque entièrement à la fin de la vie du poète et contemporaines de l’Esprit (1863), tout ce qui est impression personnelle, observation directe, doit être retenu et recueilli avec piété ; tout ce qui est tradition domestique est suspect, et ne résiste pas devant l’effort de la critique. Si l’image appropriée ne devait pas paraître ambitieuse, je dirais qu’il y a là comme un minerai rare, étroitement mélè à une gangue sans valeur. Le devoir du critique était d'abord de taire le discernement, d’opérer le départ du métal pur et des scories

Dans l’énumération, souvent reprise, des domaines qu’il 

affirmait de bonne foi avoir appartenu à ses aïeux, Alfred de ’i"ny faisait entrer les noms de plusieurs terres qui ne furent jamais en leur possession Cf. Ernest Dupuy, la Jeunesse des Romantiques, les Parents d’Alfred de Vigny, p. 189-200