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religion elle-même en avait préparé les germes dans sa doctrine exclusive et intolérante. Lorsqu’on établit pour maxime fondamentale d’une institution qu’il faut lui sacrifier tout ce que la Nature et la société nous offrent de plus cher, les familles et les sociétés voient tout-à-coup se dissoudre leurs liens dès que l’intérêt du prêtre, que l’on confond toujours avec celui des dieux, le commande. De toutes les morales, la plus sacrée est la morale publique, et les législateurs n’ont imaginé la morale religieuse que pour fortifier la première. La seule excuse de l’invention des religions, c’est qu’elles sont, dit-on, nécessaires au maintien de la société : donc la religion qui s’en isole, qui s’élève au dessus d’elle, qui se met en rébellion contre ses lois, et qui y met les citoyens, cette religion est un fléau destructeur de l’ordre social ; il faut en délivrer la Terre. Le catholicisme est dans ce cas, et le chef de cette secte regarde comme ses plus fidèles agents ceux qui sont armés contre la patrie. Ce sont là ses ministres chéris ; eh bien ! il faut les lui renvoyer, comme la peste à sa source. L’obéissance aveugle à un chef d’ennemis, quoiqu’il porte le nom de chef de l’Église, est un crime de lèse-nation ; et cette obéissance, la religion la commande. En examinant bien la série des révoltes des prêtres catholiques et romains contre l’autorité nationale, on se convaincra aisément qu’elle n’est pas un simple abus, mais une conséquence nécessaire de l’organisation hiérarchique de cette religion. C’est elle qui est mauvaise ; c’est donc elle qu’il