Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/463

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tare, et de là rejetés dans les fleuves : ce genre de supplice ne finit pour eux que lorsqu’ils sont venus à bout de fléchir ceux qu’ils ont outragés. Tel est l’arrêt porté contre eux par le juge redoutable.

Virgile parle également des peines expiatoires que devaient subir ceux qui n’étaient pas assez purs pour entrer dans l’Élysée. Ces purifications étaient douloureuses pour les mânes, et de véritables supplices. Il suppose que les âmes, en sortant du corps, étaient rarement assez purifiées pour se réunir au feu Éther dont elles étaient émanées. Leur commerce avec la matière terrestre les avait obligées de se charger de parties hétérogènes, dont elles devaient se dépouiller avant de pouvoir se confondre avec leur élément primitif. Tous les moyens connus de purification étaient donc employés, l’eau, l’air et le feu. Les unes étaient exposées à l’action du vent qui les agitait ; les autres, plongées dans des bassins profonds pour s’y laver de leurs souillures ; d’autres passaient par un feu épuratoire. Chaque homme éprouvait dans ses mânes une espèce de supplice, jusqu’à ce qu’il méritât d’être admis dans les champs brillants de l’Élysée ; mais très-peu obtenaient ce bonheur. Voilà bien un purgatoire pour les âmes qui n’avaient pas été précipitées dans le Tartare, et qui pouvaient espérer d’entrer un jour dans le séjour de la lumière et de la félicité : voilà encore les Chrétiens convaincus de n’être que les copistes des anciens philosophes et des théologiens païens.

On a remarqué, dans le passage de Platon, que