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de grands crimes, entraînées par le génie malfaisant qui leur avait conseillé le mal, passaient à la gauche et tenaient la route du Tartare, portant derrière leur dos la sentence qui contenait l’énumération de leurs crimes. Enfin celles dont les vices n’étaient pas incurables, allaient dans un purgatoire passager, et leurs supplices tournaient à leur profit : c’était le seul moyen d’expier leurs fautes. Les autres, au contraire, livrées à des tourments éternels, étaient destinées à servir d’exemple : c’était le seul avantage que l’on retirât de leur supplice.

Parmi ceux que l’on punit, dit Platon, il en est qui, par l’énormité de leurs crimes, sont réputés incurables, tels que les sacrilèges, les assassins et tous ceux qui se sont noircis par d’atroces forfaits. Ceux-là sont, comme ils le méritent, précipités dans le Tartare, d’où ils ne sortiront jamais. Mais ceux qui se trouvent avoir commis des péchés, grands à la vérité, mais pourtant dignes de pardon (voilà nos péchés véniels), ceux-là sont aussi envoyés dans les prisons du Tartare, mais pour une année seulement ; après lequel temps les flots les rejettent, les uns par le Cocyte, et les autres par le Pyriphlégéton. Lorsqu’une fois ils se sont rendus près du marais de l’Achéron, ils sollicitent à grands cris leur grâce de la part de ceux à qui ils ont nui ; ils les invoquent, afin d’obtenir d’eux la liberté de débarquer dans le marais et d’y être reçus. S’ils réussissent à les fléchir, ils y descendent et là finissent leurs tourments ; autrement ils sont repoussés de nouveau dans le Tar-