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esclave infidèle, un citoyen qui s’est armé contre ses concitoyens. Celui-ci a vendu à prix d’argent sa patrie ; celui-là s’est fait payer pour faire passer ou rapporter des lois. On voit ailleurs un père incestueux qui a souillé le lit de sa fille, des épouses cruelles qui ont égorgé leurs époux ; et partout on y punit l’homme qui a bravé la justice et les dieux. On remarque en général que les auteurs de ces fictions ne prononcèrent d’abord de peines que contre les crimes qui blessent l’humanité et qui nuisent au bien de la société, dont le perfectionnement et le bonheur étaient le grand but de l’initiation. Minos punissait, aux enfers, les mêmes crimes qu’il aurait autrefois punis sur la Terre, d’après les sages lois des Crétois, en supposant qu’il ait jamais régné sur ces peuples. Si les crimes de religion furent aussi punis, c’est que la religion étant regardée comme un devoir et comme le principal lien de l’ordre social dans le système de ces législateurs, l’irréligion devait nécessairement être mise au nombre des plus grands crimes dont les dieux dussent tirer vengeance. Ainsi l’on enseignait au peuple, que le grand crime de plusieurs de ces fameux coupables était de n’avoir pas fait assez de cas des mystères d’Éleusis ; que celui de Salmonée était d’avoir voulu imiter la foudre de Jupiter ; et celui d’Ixion, d’Orion, de Tityus, d’avoir voulu faire violence à des déesses ; car les dieux, comme les hommes, ne souffrent pas qu’on rivalise avec eux.

La fiction de l’Élysée concourait, avec celle du Tartare, au même but moral et politique. Virgile