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comme l’attestent Cicéron, Isocrate et le rhéteur Aristide ; il allait habiter des prairies sur lesquelles brillait une lumière pure. La tardive vieillesse y quittait ses rides et y reprenait toute la vigueur et l’agilité de la jeunesse. La douleur était bannie de ce séjour : on ne trouvait là que des bosquets fleuris, des champs couverts de roses. Il ne manquait à ces charmants tableaux que la réalité. Mais il est des hommes qui, comme ce fou d’Argos, aiment à vivre d’illusions, et qui ne pardonnent pas au philosophe, qui d’un coup de baguette fait disparaître toute cette décoration théâtrale dont les prêtres entourent son tombeau. On veut être consolé, c’est-à-dire trompé, et l’on ne manque pas d’imposteurs. Ce sont ces magnifiques promesses qui ont fait dire à Théon, que la participation aux mystères était une chose admirable, et pour nous la source des plus grands biens. En effet, cette félicité ne se bornait pas à la vie présente, comme on le voit : la mort n’était point un anéantissement pour l’homme, comme pour les autres animaux ; c’était le passage à une vie infiniment plus heureuse, que l’initiation imagina pour nous consoler de la perte de celle-ci ; car l’imposture ne se crut pas assez forte pour promettre ici bas une vie sans vieillesse, et exempte de la loi commune à tout ce qui respire ici bas. L’artifice eût été trop grossier : il fallait s’élancer dans des régions inconnues, et entretenir l’homme de ce qu’il devient quand il n’est plus. Un champ immense était ouvert à l’imposture, et l’on n’avait point à craindre qu’un mort