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à l’illusion et au prestige, on ne peut disconvenir que le but, sous ce rapport, ne fût louable. Aussi l’orateur romain met-il au nombre des établissements les plus utiles à l’humanité, les mystères d’Éleusis, dont l’effet a été, dit-il, de civiliser les sociétés, d’adoucir les mœurs sauvages et féroces des premiers hommes, et de faire connaître les véritables principes de morale qui initient l’homme à un genre de vie qui seul soit digne de lui. C’est ainsi qu’on disait d’Orphée, qui apporta en Grèce les mystères de Bacchus, qu’il avait apprivoisé les tigres et les lions cruels, et touché jusqu’aux arbres et aux rochers par les accents harmonieux de sa lyre. Les mystères avaient pour but d’établir le règne de la justice et celui de la religion, dans le système de ceux qui ont cru devoir appuyer l’une par l’autre. Ce double but se trouve renfermé dans ce vers de Virgile : Apprenez de moi à respecter la justice et les dieux ; c’était une grande leçon que l’hiérophante donnait aux initiés. Ils venaient apprendre dans les sanctuaires ce qu’ils devaient aux hommes et ce qu’on croyait qu’ils devaient aux dieux. C’est ainsi que le Ciel concourait à établir l’ordre et l’harmonie sur la Terre. Pour imprimer ce caractère surnaturel à la législation, tout fut mis en usage. Le tableau imposant de l’Univers et le merveilleux de la poésie mythologique fournirent aux législateurs le sujet des scènes aussi étonnantes que variées dont on donna le spectacle dans les temples de l’Égypte, de l’Asie et de la Grèce. Tout ce qui peut produire l’illusion, toutes les ressources de la