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indépendante du prestige religieux. La France ne manque ni de guerriers ni de savants : ce sont des vertus véritablement républicaines qu’elle attend, et qui ne peuvent germer qu’à la faveur de sages institutions. Si les mœurs et la justice ne servent pas de base à notre République, elle ne fera que passer et elle ne laissera après elle que des souvenirs grands, mais terribles, semblables à ces fléaux qui de temps à autre viennent ravager le Monde. On trafique de tout, l’intrigue envahit tout, l’esprit d’agiotage corrompt tout ; l’amour de l’or et des places a déjà succédé aux élans qui ont porté tant d’hommes vers la liberté, et la révolution nous fera peut-être perdre jusqu’aux vertus qui nous avaient servi à la faire. Songeons que c’est avec les débris de la monarchie la plus corrompue que nous avons réorganisé le corps social ; et quand les lois nouvelles seraient sages, elles ne nous serviront guère si les hommes ne sont bons et vertueux, et ils ne le sont pas : c’est aux institutions politiques à les rendre tels, et nous n’en avons pas encore. Nous avons banni les rois, mais les vices des cours nous restent, et semblent redemander chaque jour leur terre natale. C’est à l’ombre des trônes et des autels qu’ils croissent ; aussi les rois et les prêtres sont-ils unis contre les gouvernements républicains, dont le sort est, ou d’écraser les vices ou d’en être écrasés, tandis que les religions et les monarchies s’appuient sur eux. C’est le propre des prêtres de dresser l’homme à l’esclavage, et de corrompre les germes de liberté jusque dans leurs sources :