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confondre les œuvres de l’imposture. C’est là le devoir du philosophe, de l’ami de l’humanité et surtout d’une législation sage ; car la société se dégrade lorsque l’homme perd la prééminence qu’il avait sur les autres animaux, et il la perd dès qu’il laisse corrompre sa raison. Disons-lui, s’il est inquiet sur ses récoltes, sur la conservation de sa fortune et de sa santé, que ce n’est point par le sacrifice de sa raison que la Divinité a voulu qu’il fût riche et heureux, mais plutôt par le bon usage qu’il en ferait ; que le Soleil ne perdra pas sa chaleur ni sa lumière, que le Ciel ne cessera pas de verser au printemps des pluies fécondes, que l’été ne manquera pas de mûrir ses moissons, et l’automne ses fruits, quoiqu’il n’adresse plus de vœux à l’Éternel, et qu’il ne dote plus ceux qui s’en disent les organes et les ministres. La révolution française a mis cette vérité dans tout son jour pour le peuple. Bannissons de la société tous ceux qui voudraient le ramener à l’opinion contraire pour le subjuguer encore. Il n’est pour l’homme qu’un seul culte qui puisse lui convenir et plaire à la Divinité : c’est celui qu’on rend à Dieu par la bienfaisance et en cultivant les vertus, et ce culte n’a pas besoin d’intermédiaires entre l’Être suprême et l’homme. Chacun doit être ici son propre prêtre, et porter dans son cœur l’autel pur sur lequel à chaque instant il sacrifie au grand Être qui contient tous les autres dans son immensité. Reposons-nous sur lui du soin de pourvoir à nos besoins. Si l’homme croit encore devoir élever d’autres autels, que ce soit la reconnais-