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cherché à rendre les dieux complices des crimes ou des sottises des hommes, en les mettant dans les intérêts de leurs adorateurs par des prières et des offrandes. Le prêtre Chrysès, dans Homère, prie son dieu de le venger, et une épidémie ravage tout le camp des Grecs. Docile aux volontés de Josué, le dieu des Juifs arrête le Soleil dans sa course, afin de prolonger la durée d’un massacre que doit éclairer la lumière. Les Sei-yen-tho ont la simplicité de croire que, par des sacrifices, ils ont le pouvoir de faire descendre la neige du ciel quand ils veulent perdre leurs ennemis. Tous les peuples de l’Europe ont fait des prières publiques pour le succès de leurs armes dans la guerre contre la liberté française, et les Français, qui seuls n’en faisaient pas, gagnaient les batailles.

Les Canadiens ont leurs jongleurs, espèce de charlatans qui sont en commerce avec les esprits, et qui tiennent d’eux l’art de guérir les maladies. Quand un sauvage est blessé, il prépare un festin et envoie chercher le jongleur. Il arrive, examine le malade, et promet de renvoyer de son corps l’esprit qui cause la maladie. N’avons-nous pas aussi nos exorcistes, qui chassent le malin esprit du corps des possédés, et ces farces religieuses ne se répétaient-elles pas tous les ans au jeudi appelé saint dans la Sainte-Chapelle de Paris ? Au moins on ne niera pas que la fonction d’exorciste ne fasse partie des ordres qu’on appelle mineurs, et que l’on confère à nos jongleurs catholiques. Ceci n’est point réputé chez nous supers-