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« tels qu’une tendre rosée, une chaleur douce, un vent modéré, etc. » On en usa de même pour détourner les ouragans et la grêle qui ravagent les champs ; pour conjurer les tempêtes qui bouleversent les mers, et faire cesser les grands fléaux qui affligent les hommes, la disette, les épidémies, etc. Les causes de tous ces effets désastreux étant dans la Nature, on s’adressa à elle ou aux génies chargés de son administration, pour en obtenir la délivrance ; et comme les magiciens et les prêtres se disaient les dépositaires de ses secrets, on eut recours à eux comme aux organes et aux ministres visibles des volontés des dieux. Le prêtre fut tout ce qu’était la Nature ; il se mit entre l’homme et les dieux, et souvent il se mit à la place de ceux-ci, et écrasa l’homme du poids de sa puissance monstrueuse. Ainsi les gangas ou prêtres d’Angola et de Congo se donnent pour les dieux de la Terre, dont les productions passent pour être un don de leur souverain pontife ; aussi les Nègres lui en offrent-ils les prémices. On persuade au peuple que si le pontificat cessait d’être rempli, la Terre deviendrait stérile et le Monde finirait.

Depuis le Pape qui fait baiser respectueusement sa chaussure, depuis le grand Lama qui fait révérer ses excréments, jusqu’au dernier jongleur, tous les agents de l’imposture religieuse ont tenu l’homme dans la plus honteuse dépendance de leur pouvoir, et l’ont bercé des espérances les plus chimériques. Il n’est pas un point sur la Terre où il ait pu se cacher assez, pour échapper aux illusions et au prestige dont