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tenait sa cassette magique, et ses herbes puissantes ; elle baise son lit et les portes de son appartement ; elle détache une boucle de cheveux qu’elle laisse pour servir de souvenir à sa mère. Elle prononce un discours qui exprime ses regrets, et qui contient ses tristes adieux. Elle verse des torrents de larmes, puis elle s’échappe furtivement du palais, dont ses enchantements lui ouvrent les portes. Elle était nu- pieds ; elle soutenait de la main gauche l’extrémité d’un voile léger qui s’abaissait sur son front, et de la main droite elle relevait le pan de sa robe. Médée traverse ainsi la ville d’un pied agile, en prenant des rues détournées ; elle est déjà hors des murs sans que les sentinelles l’aient aperçue. Elle dirige sa fuite vers le temple, dont les routes lui étaient connues, et près desquelles elle avait été cueillir souvent des plantes qui croissaient autour des tombeaux. Son cœur bat dans la crainte qu’elle a d’être surprise. La Lune, qui la voit, se rappelle ses amours avec Endymion, dont ceux de Médée pour Jason lui retracent l’image. Le poète met à cette occasion un discours dans la bouche de cette déesse, qu’elle adresse à Médée, tandis que celle-ci vole à travers la plaine dans les bras de son amant. Elle dirige ses pas le long du rivage, vers les feux qu’elle voit briller dans le camp des Argonautes. Sa voix se fait entendre au milieu des ombres de la nuit. Elle appelait Phrontis, le plus jeune des fils de Phryxus, qui bientôt, ainsi que ses frères et Jason, reconnurent la voix de la princesse : les autres Argo-