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contre ses petits-fils et contre les Argonautes, le bouillant Télamon voulait lui répondre avec la même violence. Mais Jason le retient, et prenant un ton modeste et doux, il expose au roi les motifs de son voyage, dont l’ambition n’a jamais été le but, et qu’il n’a entrepris que pour obéir aux volontés de Pélias. Il lui promet, s’il veut leur être favorable, de publier sa gloire à son retour en Grèce, et même de le soutenir dans les guerres qu’il pourrait avoir à faire contre les Sarmates et les autres peuples voisins.

Aëtès, d’abord incertain du parti qu’il doit prendre à leur égard, se détermine à leur promettre ce qu’ils demandent, mais sous une condition qu’il leur impose, et dont l’exécution sera pour lui un sûr garant de leur courage. Il dit à Jason qu’il a deux taureaux qui ont des pieds d’airain, et qui soufflent des feux de leurs naseaux ; qu’il les attèle à une charrue, et qu’il trace des sillons dans un champ consacré à Mars, et qu’au lieu de blé il y sème des dents de serpent, d’où naissent tout à coup des guerriers, qu’il moissonne ensuite avec le fer de sa lance, et que tout cela s’exécute dans l’intervalle du lever au coucher du Soleil. Il propose à Jason d’en faire autant, et il lui promet, s’il réussit, de lui livrer le riche dépôt qu’il demande. Sans cela il n’a rien à espérer ; car, ajoute-t-il, il serait indigne de moi de céder un tel trésor à quelqu’un moins brave que je ne le suis.

À cette proposition, Jason reste muet et interdit, ne sachant que répondre, tant cette entreprise lui semble hardie. Cependant il finit par accepter la condition.