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« sérénité. Typhon m’a ravi ma foudre : il ne me reste plus que mon égide ; à mais de quel secours peut-elle être pour moi contre les feux puissants du tonnerre ? Sois berger pour un jour, et que ta flûte pastorale serve à rendre l’empire au pasteur éternel du Monde. Tes services ne seront pas sans récompense ; tu seras le réparateur de l’harmonie de l’Univers, et la belle Harmonie, fille de Mars et de la déesse du printemps, deviendra ton épouse. » Ainsi parle Jupiter, et il s’avance vers les sommets du Taurus. Alors Cadmus, déguisé en berger, appuyé nonchalamment contre un chêne, fait retentir les forêts d’alentour des sons de sa flûte harmonieuse. Typhon se laisse charmer ; il approche du lieu où il entend ces sons séducteurs, et dépose dans l’antre la foudre où il l’avait trouvée, et l’y cache. Au moment où il s’avance plus près de la forêt, Cadmus feint d’avoir peur et veut fuir. Le Géant le rassure et l’invite à continuer, en lui faisant les plus pompeuses promesses. Cadmus continue à chanter, et fait espérer à Typhon des chants plus merveilleux encore s’il veut lui donner les nerfs de Jupiter, qui étaient tombés dans le combat de ce dieu contre Typhon, et que celui-ci avait gardés. Sa demande lui est accordée, et le berger les met en réserve, comme pour les adapter un jour à sa lyre, mais dans l’intention de les rendre à Jupiter après la défaite des Géants. Cadmus adoucit encore les sons de sa flûte enchanteresse, et charme les oreilles de Typhon, qui donne toute son attention sans que rien puisse le distraire.