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minuaient ses forces ; de cinq mille Cosaques qu’il avait en entrant dans le pays, il se vit réduit à cinq cents. Malgré ce petit nombre, ce valeureux chef livra bataille à Koutchoum-Kan, et remporta sur lui une victoire complète en 1581. Le Kan abandonna sa capitale; Yermak y entra victorieux, et reçut le serment de plusieurs peuples qui venaient se soumettre à sa puissance et lui payer tribut. Ce héros sentait cependant qu’il lui serait impossible de se maintenir dans ses conquêtes, tant qu’il ne pourrait renforcer sa petite armée. II se décida donc à députer à Moscou un de ses officiers, nommé Ivan Oltzoff, pour implorer le pardon du Tzar, lui faire hommage de ses conquêtes, et lui demander du secours. Cet officier fut accueilli avec bonté ; toutes les demandes d’Yermak lui furent accordées, et on lui envoya sur-le-champ cinq cents hommes bien armés. Outre son pardon, on le qualifiait, dans des lettres-patentes, de prince de Sibérie, mais il ne put jouir de cette gloire : car, avant le retour de son envoyé, la fortune l’abandonna ; le manque de vivres occasionna un murmure général parmi ses troupes ; enfin, elles se mutinèrent. Dans cet état de confusion, il fut surpris et battu par Koutchoum. Yermak, voulant réparer le désordre, tomba dans l’lrtisch en passant d’un bateau dans un autre : le poids de ses armes fut la cause de sa mort. Cet évènement eut lieu en 1584. Le Tzar étant mort bientôt après, son successeur n’abandonna point cette conquête; on y envoya des troupes, et la Sibérie fut régie comme le reste de l’empire, par des Voïevodes, qui s’assurèrent du pays, en bâtissant des villes et des forts. Peu à peu la domination russe s’étendit jusqu’à l’océan oriental (a).

(a) Dictionnaire géographique et historique de l’empire de Russie, par M. Vsévolojsky.