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(6)

Avec honneur était porté;

Tes beaux jours ne sont plus, puissante Sibérie (5).

Ta gloire s’est évanouie!

Et tes fils vont languir dans la captivité !...

LE JEUNE HOMME.

Tel un noir ouragan chasse au loin la poussière,

Tel, par un bras vainqueur, ton peuple est dispersé;

L’amour de ses sujets, et l’effroi de la terre,

De son trône éclatant Koutchoum est renversé (6).

Que dis-je? il a péri sur la plage étrangère.

LE VIEILLARD.

Dans l’épaisseur des bois, tes prêtres sont errants ;

Chaitanes, déités de ma triste patrie! (7)

Je vous sers dès l’enfance, et j’ai plus de cent ans.

Dieux impuissants! pourquoi prolongiez-vous ma vie,

Si j’ai dû voir mes cheveux blancs

Dévoués à l’ignominie,

Et la mort moissonner nos malheureux enfants?

LE JEUNE HOMME.

Hélas! par quels revers la fière Sibérie,
Mon père, a-t-elle succombé?

LE VIEILLARD.

Tu causas ses malheurs, belliqueuse Russie;

Sous ton sceptre d’airain, mon pays s’est courbé.